mais que font
mes crayons
tout au fond
du carton
mes crayons
qui s’ennuient
rien ne font
de joli
rien à voir
rien à dire
juste une 
poésie



 

un poème de mathématiques
un poème de mâts et de tiques
un poème de rythmes éthiques
un poème de rimes antiques
                 non
un poème de géomètre ivre
un poème de chiffres chiffons
un poème de nombre des nombres
un poème d’énormes concombres
un poème des opérations
un poème sans le théâtre
un poème sans farce ni attrape
un poème triste de conséquence
un poème sans grandes vacances
un poème soit mais catastrophique
un poème de mathématiques  

 

 

quand j’ai dit 
vingt-dix à la place de trente
on m’a dit
vous n’avez pas saisi soyez plus attentif
quand j’ai dit 
trente-dix à la place de quarante
on m’a dit
excusez-moi mais là vous n’avez rien compris
quand j’ai dit 
quarante-dix à la place de cinquante
on m’a dit
regardez donc cet âne mais il le fait exprès
quand j’ai dit 
cinquante-dix à la place de soixante
on m’a dit
si tu n’veux rien comprendre fallait rester couché
quand j’ai dit 
soixante-dix à la place de septante
on m’a dit
voilà monsieur bravo comme c’est bien raisonné
quand j’ai dit 
quatre-vingts à la place de huitante
on
m’a dit
ah félicitations en plus il sait compter
quand j’ai dit 
quatre-vingt-dix à la place de nonante
on m’a dit
mais quelle intelligence voilà enfin quelqu’un
et quand j’ai dit cent 
à la place de décante
on m’a dit
voici notre bonhomme bon pour le CE1

 

 

une souris verte
qui courait sans tête
je l'attrape mais pas de queue
que vont dire ces messieurs
ces messieurs me disent
ce n'est qu'une souris grise
qui n'a ni queue ni tête
comme cette comptine un peu bête




au clair de la terre
derrière mon hublot
je me désespère
d’être seul tout là-haut
ma radio est morte
tout est silencieux
il faut que je sorte
de détresse les feux
au clair de la terre
un martien m’a dit
chuis un ptit homme vert
t’ai vu de mon cockpit
à la planète voisine
je peux t’accompagner
prends donc ta popeline
et tes bottes lestées  



le petit japonais
dans sa kuruma
conduisant son poney
va cahin-caha
il trottine il chemine
le long de la colline
et s’en va vers la ville
de yokohama
la femme du japonais
dans son kimono
aime à calligraphier
loin de ses fourneaux
elle trace elle enlace
sur le papier de chine
les crochets et les lignes
au pinceau de soie
le fils du japonais
sur son cheval noir
rejoint tôt son armée
c’est un samouraï
il tiraille il ferraille
tout le long des batailles
fier de son attirail
arc et katana
la fille du japonais
devant son miroir
lisse ses longs cheveux noirs
c’est une geisha
elle trottine elle chemine
le long de la courtine
et s’en va opaline
revoir son danna

 

 

quand quatre chevaux blancs
sont entrés dans ma chambre
un grand bruit de fer
sonna sur le pavé
voilà quatre hauts-de-forme
avec des talons noirs
en plein désaccord sur
le chemin demandé
l
evant des têtes fières
e
t des yeux de curieux
de forts hennissements
sur le foin qu’il manquait
à cor à cri naseaux
buée trépignement
à en perdre les poils
de tant s’impatienter
ont bien attendu là
tout le temps d’une histoire

 


je suis ordinateur
un employé modèle
deux cent vingt sur secteur
langage universel

mais sous le plexy noir
de mon coffre imposant
je n’ai qu’un seul espoir
vous être plus aimant

car dernier orphelin
d’une gamme dépassée
jour après jour vos mains
délaissent mon clavier

ma piètre mémoire
fait de moi un martyr
et j’ai peur de savoir
comment je vais finir


                                                             

  


j’ai une bouche un petit nez
et deux longs yeux tout à côté
j’ai trois cochons dans un grand livre
et quatre loups sont sous mon lit
j’ai cinq orteils au bout du pied
mais des fois six quand m’ai trompé
j’ai les sept mers veilles du monde
et le grand huit à la saint côme
j’ai neuf plus neuf pour une boîte d’œufs
et dix sur dix à mon épreuve
mille et un cœurs autour de moi
mais juste un seul petit papa

 

 

 

pas si longtemps que je suis né
juste six ans et mille années
les petits contes pris sur ce livre
deviennent grands quand vient la nuit
sous ta tutelle gentille fée
je grandis loin des farfadets
les alizés dessus la mer
poussent ma barque florifère
mon frêle esquif fend terre neuve
suis le sillon que tu abreuves
ces mille fleurs m'en vais portant
toutes à toi ô ma maman

 

 

 

ma petite sœur solaire
sur les ailes du temps
j’ai gardé pour te plaire
mon sourire innocent
ma petite sœur solaire
des rigueurs du présent
j’écrirai à l’envers
nos souvenirs naissants
ma petite sœur solaire
de mon caillou lunaire
ce joli morceau d’hier
notre enfance éternelle



[...]




chez le cordonnier patient
des clous de girofle
scandent les strophes
de la chanson du temps

chez le menuisier prudent
des copeaux de hêtre
s'élèvent et dissertent
sous le rabot du vent

chez le professeur absent
des poussières de lune
dansent un à une
jusqu'au dernier couchant

 

 

 

 



            Nom : 
       Courriel : 
    Commentaire : 
           
                                          
            

<<< La chambre nue                                                            Fermer ce receuil                                                            Un matin de cuivre >>>