Nos chevaux galopaient
Toutes crinières au vent
Vers les hauts plateaux
Cachés par les collines
Et nos yeux rougeoyaient
Face au soleil couchant
Où se dressaient hirsutes
Nos silhouettes fines

 

Nos esprits transhumaient

Vers des plaines lointaines

Enflammés par les ray
Ons pourpres d'un ciel

Où les Dieux jaloux

De nos vies incertaines
Cachaient encore en nous

La réalité cruelle

 

Sous nos franges blondes

Nous bravions l'avenir

L'esprit plein de promesses
De souhaits

Poussés par l'envie
Prématurée de grandir
Nous avions le monde

A nos pieds

 

Mais il ne reste rien

De l'enfance perdue
Que de vagues sou
Venirs en tumulte

Révélant l'existence

D'un royaume inconnu
Nous étions les Seigneurs

De ces terres incultes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chercher son nom

Sur le tableau
Chercher son nom

Au bas de la page

Chercher son nom

Derrière leurs regards

Chercher son nom

Dans les prénoms d'enfant

Chercher son nom

Sur les gravures des troncs d'arbre

Chercher son nom

Au fond d'une boîte aux lettres

Chercher son nom

Le long des annuaires

Chercher son nom

Devant la porte de l'immeuble

Chercher son nom

Sur des écrans qui clignotent

Chercher son nom

Sur les listes du tableau

Chercher son nom

Chercher son nom

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'aime à marcher au bord de l'abîme

Si près du noir je perds toute racine

Je m'y penche caressant la limite

Où mon corps tombera dans le vide

Sauvez-moi

 

Je retrouve l'enfant

Au fond de moi disparu
Nous y jetons des morceaux du temps
Qui ne reviennent plus

Sauvez-moi

 

J'y perçois des images fugaces

Qui jettent du sable au fond de mes yeux
Les serpents autour de mon cou s'enlacent
Et l'eau salée coule sans aveu

Sauvez-moi

 

M'approchant un peu plus près du noir
Je ne peux pas prévoir

Si j'irai trop loin ce soir
Si j'en reviendrai cette fois

Sauvez-moi de ce trou

Que j'ai dans la tête

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ton masque est froid

Il m'est stérile

Ton masque sourit

Il me sourit

Ton masque sourit

Mais tes yeux pleurent

 

 

Tu vis

Tu ne vis pas

Tes lèvres bougent-elles

Je ne les vois pas

Que veux-tu me dire

Veux-tu me dire quelque chose

 

Tu vis mais ton masque ne vit pas
Quelle est l'expression de ton visage
Quand ton regard effleure le mien

Quelle est la couleur de ta peau

Je voudrais que ton masque pleure
Et ainsi que tes yeux brillent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'ai trouvé la case manquante

Je l'ai contournée

Je l'ai fixée des yeux

J'y ai vu j'y ai vu

Des actes incontrôlés

Des meurtres sanguinaires

Des suicides répétés

Des états convulsionnaires

Des délires tremblants

Des araignées au plafond
Des écoulements de lymphe

Des viols sans préméditation

Des doses barbituriques

Des flétrissures précoces

Des rieurs hystériques

Des camisolés de force

Des pressions sur bouton rouge

Et puis et puis

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il avait emprunté

Mille bouts de bitume

Sans jamais s'attacher

Sans jamais une tune

 

Je marchais sur la lune

 

Il m'expliquait la vie

Sans issue sans abri

Et se mettait à nu

Me montrant ses blessures

 

Je marchais sur la lune

 

Il nous fallait partir

Ne pas s'arrêter ne pas dormir

Sortir de l'inconnu

Dévorer le futur

 

Je marchais sur la lune

 

Il a vécu ce rêve

En dépit des clôtures

Poursuivi par la fièvre

Oubliant la fissure

 

Je marchais sur la lune

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est sur mon bureau
Un grand livre fermé
J'arrête ici le jour
Condamne le portail
Qui git seul et rouillé
Au milieu des broussailles
Vingt ans c'est le bon temps
Vingt ans c'est la bohème
Mes vingt ans font à moi
Mine de chrysanthème
J'ai appris sans savoir
J'ai perdu tout hier
Mes beaux cahiers rangés
Attirent la poussière
Ils sont tout mon savoir
Carré d'hypoténuse
Je pourrais continuer
Mais je n'ai plus d'excuse
Allons détrompons-nous
La Terre n'est pas ronde
Jamais je ne saurai
Etre heureux en ce monde

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sifflements enchantés des roseaux et persiennes

Le vent souffle sur la plaine

Colportant la folie et la haine

Il emporte tout ce qui traîne

Tous ceux qui traînent

 

Je n'entends plus que lui

Assourdir ma conscience

Il effiloche mes pensées

Qu'il accroche aux branches

D'arbres de contrées inconnues

 

Transhumance des dunes

Au fond de mon esprit

Il est le marchand de sable

Qui passe et m'assoupit

Alors mes racines s'estompent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je suis l'autre

Cet autre en moi

Cet être effrayant

Impulsif inconscient

Cette seconde partie de moi-même

Que je ne peux rencontrer

Que je ne peux retenir

Et qui dicte mes gestes

Il veille sur mes cauchemars

Et mes rêves sans sommeil

Il détient l'accès

Du temple de mes pensées

Je sais qu'il est là

Je le sens derrière moi

Et notre rencontre ce soir

Ce ne sera pas

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ici survivent quelques murs de vieille pierre

Où la bise même se désespère

Par chaque embrasure sur une morne étendue

Ce ne sont que des tombes à perte de vue

Mes songes hantent ces tristes lieux

En un cortège d'enfants silencieux

Ayant pour unique divertissement

Le spectacle incessant des enterrements

Ce cimetière des pensées je le connais

J'y vais cueillir les fleurs qui ont poussé

Emprisonné par ce sombre univers qui accable

Je sais que ma présence ainsi est indésirable

Je ne suis qu'un rôdeur de plus et importune

Les entités mystiques que mes affres exhument

Tous y ont fini d'une même fatalité

Mais les morts me détestent trop pour me garder

De ces fleurs ce soir je t'en emmène encore

Tu les mettras au pied de mon lit de mort

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je veille Pierre

Son regard

Nos mains

Je cherche mes mots

Je me trahis

Je veille Pierre qui va mourir

Je lui parle des choses éternelles

De l'amitié

Et le marbre

Il est des souffrances qui s'éloignent

Quand le sommeil approche

Il en est qui parlent d'un après

Oui mais ceux qui parlent

Peut-être que je n'ai pas le droit de dire cela
Mais nos sourires sont bien plus douloureux

Il me demande l'heure

La nuit s'attarde

La lumière du jour est derrière la porte

Mais jusqu'à la porte

Je veille Pierre qui est parti

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[...]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'ai descendu les sentiers du temps

Pour rechercher des images d'antan

De ce temps irréel ce jardin secret

Derrière le vieux portail rouillé

Dont j'ai perdu la clef

Je me souviens de ce premier amour perdu

Après lequel les autres ne comptent plus

Nous marchions sans hâte et sans question

Et la vie nous a distancé sans avertir

Que voulez-tu me dire

Sur cette photo jaunie

Tous ces souvenirs qui s'effritent

Emmènent un peu de moi

Où je ne sais pas

Mais je sais qu'un jour viendra

Il ne restera que mon corps froid

Le ciel s'enfuit au bout de l'horizon

Peut-être est-ce trop tard

Les murs vieillissent aussi

Nous voilà réduits à suivre ce chemin

Demain est-il encore loin

Le soir déploie ses ailes noires

Je voulais retrouver mon passé

Réinventer les paroles oubliées

Courir jusqu'à n'en plus pouvoir

J'aurais voulu partir sans regret

 



 

 

 




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