Nos
chevaux galopaient
Nos esprits transhumaient Vers des plaines lointaines Enflammés
par les ray Où les Dieux jaloux De
nos vies incertaines La réalité cruelle
Sous nos franges blondes Nous bravions l'avenir L'esprit
plein de promesses Poussés
par l'envie A nos pieds
Mais il ne reste rien De
l'enfance perdue Révélant l'existence D'un
royaume inconnu De ces terres incultes
Chercher son nom Sur
le tableau Au bas de la page Chercher son nom Derrière leurs regards Chercher son nom Dans les prénoms d'enfant Chercher son nom Sur les gravures des troncs d'arbre Chercher son nom Au fond d'une boîte aux lettres Chercher son nom Le long des annuaires Chercher son nom Devant la porte de l'immeuble Chercher son nom Sur des écrans qui clignotent Chercher son nom Sur les listes du tableau Chercher son nom Chercher son nom
J'aime à marcher au bord de l'abîme Si près du noir je perds toute racine Je m'y penche caressant la limite Où
mon corps tombera dans le vide
Je retrouve l'enfant Au
fond de moi disparu
J'y perçois des images fugaces Qui
jettent du sable au fond de mes yeux
M'approchant
un peu plus près du noir Si
j'irai trop loin ce soir Que j'ai dans la tête
Ton masque est froid Il m'est stérile Ton masque sourit Il me sourit Ton masque sourit Mais tes yeux pleurent
Tu vis Tu ne vis pas Tes lèvres bougent-elles Je ne les vois pas Que veux-tu me dire Veux-tu me dire quelque chose
Tu
vis mais ton masque ne vit pas Quelle est la couleur de ta peau Je
voudrais que ton masque pleure
J'ai trouvé la case manquante Je l'ai contournée Je l'ai fixée des yeux J'y ai vu j'y ai vu Des actes incontrôlés Des meurtres sanguinaires Des suicides répétés Des états convulsionnaires Des délires tremblants Des
araignées au plafond Des viols sans préméditation Des doses barbituriques Des flétrissures précoces Des rieurs hystériques Des camisolés de force Des pressions sur bouton rouge Et puis et puis
Il avait emprunté Mille bouts de bitume Sans jamais s'attacher Sans jamais une tune
Je marchais sur la lune
Il m'expliquait la vie Sans issue sans abri Et se mettait à nu Me montrant ses blessures
Je marchais sur la lune
Il nous fallait partir Ne pas s'arrêter ne pas dormir Sortir de l'inconnu Dévorer le futur
Je marchais sur la lune
Il a vécu ce rêve En dépit des clôtures Poursuivi par la fièvre Oubliant la fissure
Je marchais sur la lune
Il est sur mon bureau
Sifflements enchantés des roseaux et persiennes Le vent souffle sur la plaine Colportant la folie et la haine Il emporte tout ce qui traîne Tous ceux qui traînent
Je n'entends plus que lui Assourdir ma conscience Il effiloche mes pensées Qu'il accroche aux branches D'arbres de contrées inconnues
Transhumance des dunes Au fond de mon esprit Il est le marchand de sable Qui passe et m'assoupit Alors mes racines s'estompent
Je suis l'autre Cet autre en moi Cet être effrayant Impulsif inconscient Cette seconde partie de moi-même Que je ne peux rencontrer Que je ne peux retenir Et qui dicte mes gestes Il veille sur mes cauchemars Et mes rêves sans sommeil Il détient l'accès Du temple de mes pensées Je sais qu'il est là Je le sens derrière moi Et notre rencontre ce soir Ce ne sera pas
Ici survivent quelques murs de vieille pierre Où la bise même se désespère Par chaque embrasure sur une morne étendue Ce ne sont que des tombes à perte de vue Mes songes hantent ces tristes lieux En un cortège d'enfants silencieux Ayant pour unique divertissement Le spectacle incessant des enterrements Ce cimetière des pensées je le connais J'y vais cueillir les fleurs qui ont poussé Emprisonné par ce sombre univers qui accable Je sais que ma présence ainsi est indésirable Je ne suis qu'un rôdeur de plus et importune Les entités mystiques que mes affres exhument Tous y ont fini d'une même fatalité Mais les morts me détestent trop pour me garder De ces fleurs ce soir je t'en emmène encore Tu les mettras au pied de mon lit de mort
Je veille Pierre Son regard Nos mains Je cherche mes mots Je me trahis Je veille Pierre qui va mourir Je lui parle des choses éternelles De l'amitié Et le marbre Il est des souffrances qui s'éloignent Quand le sommeil approche Il en est qui parlent d'un après Oui mais ceux qui parlent Peut-être
que je n'ai pas le droit de dire cela Il me demande l'heure La nuit s'attarde La lumière du jour est derrière la porte Mais jusqu'à la porte Je veille Pierre qui est parti
[...]
J'ai descendu les sentiers du temps Pour rechercher des images d'antan De ce temps irréel ce jardin secret Derrière le vieux portail rouillé Dont j'ai perdu la clef Je me souviens de ce premier amour perdu Après lequel les autres ne comptent plus Nous marchions sans hâte et sans question Et la vie nous a distancé sans avertir Que voulez-tu me dire Sur cette photo jaunie Tous ces souvenirs qui s'effritent Emmènent un peu de moi Où je ne sais pas Mais je sais qu'un jour viendra Il ne restera que mon corps froid Le ciel s'enfuit au bout de l'horizon Peut-être est-ce trop tard Les murs vieillissent aussi Nous voilà réduits à suivre ce chemin Demain est-il encore loin Le soir déploie ses ailes noires Je voulais retrouver mon passé Réinventer les paroles oubliées Courir jusqu'à n'en plus pouvoir J'aurais voulu partir sans regret
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